VOL A VOILE

VV_Nuage2022

Le premier championnat de France E-planeur

Ce compte rendu détaillé complète l’article des mêmes auteurs qui vient de paraitre dans le Vol à Voile 218 (Mai – Juin 2023)

Le premier championnat de France de planeur virtuel appelé Championnat de France E-Planeur s’est déroulé du 9 au 26 janvier 2023. Ce championnat virtuel se déroule exactement comme une compétition de championnat national, en utilisant les mêmes outils de programmation, d’évaluation des vols et de classement par points au cours des différentes épreuves. Le format retenu a été une sélection pour tous les candidats licenciés (y compris ceux qui avaient souscrit à la nouvelle licence E-Planeur créée pour l’occasion) qui a retenu les 50 meilleures performances de sélection pour participer aux épreuves du championnat de France.

Les cinq épreuves de cette première compétition ont lieu en fin de journée ou en soirée et les classements sont publiés après un long travail d’évaluation des performances par la direction de la course qui a souvent dû travailler très tard dans la nuit pour publier des résultats dans un délai acceptable, et dont on peut découvrir les moments fort ici.

Épreuve 1 :
Rennes–Saint-Sulpice–Montaigu. Commentaire par Anne Ducarouge (championne du monde) et Sébastien Chaumontet (directeur de Compétition). Vent 225°, 10-15 km/h, plafond 1300 AGL

Nicolas Caudrelier (UPX) ouvre la marche de la première branche (100 km) sur un ciel bien marqué en restant sur le trait légèrement au nord (option directe en partant du centre de la ligne de départ) suivi de Donat-Pierre Luigi (269). Les thermiques du ciel breton ne sont pas aussi faibles que le craignaient les concurrents. Un train s’est rapidement établi derrière eux. Cette paire a glissé plus longtemps que le gros du groupe créant une belle séparation. À leur trousse, Louis Janzam (BY) et Philippe Lata (PLT) ferment la marche.

Un groupe plus petit a suivi une option plus au sud initialement mené par Adrien Henry (19) avant qu’il ne reprenne le départ.

Louis Janzam (BY) remonte bien sur le groupe de tête mené par UPX, et trouve un bon thermique pour réduire son déficit de 500 m après le premier point de virage (TP1). UPX et 269 font une longue transition et se retrouvent sur la tranche basse à 500 m et sont forcés de faire un grand écart de chemin pour ne trouver que des thermiques moyens et inférieurs à ceux des groupes les poursuivant. Cette transition entre TP1 et TP2 semble être clé, l’activité est plus faible, et le cycle des thermiques n’est pas en faveur des leaders. Bastien Nogaro (A10) trouve une belle pompe et avec BY rattrape la paire de tête. Philippe Lata (PLT) a aussi bien négocié ce changement de rythme après le TP1 et son choix de lever le pied a bien payé, et il a aussi bien rattrapé le groupe de tête sur la fin de course pour finir 3e. La paire de tête après le TP2 (aérodrome de Cholet) cherche en vain une bonne ascendance et choisit l’option la plus proche au sud du trait. BY et 10A s’arrêtent avant le TP2 et commencent cette dernière branche un peu plus haut, ce qui est décisif pour bien doser leur plan d’arrivée et doubler aisément le groupe de tête qui peine sur une dernière ascendance à rattraper le plan avec Theo Rajim (39) qui les talonnait. Une belle performance aussi de David Gernigon (DG) sur cette première épreuve.

Épreuve 2 :
La Roche-sur-Yon–Poitiers-Biard (AAT, 1 heure 30). Commentaire par Anne Ducarouge et Sébastien Chaumontet. Vent 145°, 15-18 km/h)

La météo était moins bonne que celle annoncée (MC moyen 1,5), et les départs ont été pris après le maximum de convection. Un bel alignement a permis de démarrer cette première branche sur un axe plus au nord. Les décisions des pilotes commencent à diverger dans le premier cercle, Théo Rajim (39), tire le plus au nord et la majorité vise le centre légèrement au nord, Patrick Médard (MDD) choisit un entre-deux et retrouve un groupe de planeurs. Éric Aubert (EA7) part seul en tête, ce qui n’est pas idéal avec des ascendances difficiles à centrer pour les pilotes. La flotte se distribue sur la transition sud vers le deuxième cercle. Une bonne partie se dirige vers le centre du cercle.

La dernière branche semble avoir été décisive pour tous les pilotes et très sélective, plusieurs vaches l’illustrent bien. 269 accroche péniblement les dernières ascendances pour rentrer, sa moyenne s’écroule donc après une rapide première partie de course. UPX négocie bien cette phase de la course AAT et booste sa moyenne, en particulier il accroche bien sa dernière ascendance et creuse son avance, ce qui lui permet de remporter l’épreuve avec 105,6 km/h (167,5 km). MDD est resté au nord de ce deuxième cercle. Beaucoup de pilotes subissent les ascendances et ont dû passer de grosses zones sans ascendances en cheminant vers l’arrivée légèrement au nord de l’axe médian – ils ont été forcés de déballaster pour raccrocher plus rapidement le plan et rentrer. 10A a malheureusement choisi un axe avec peu d’activité et s’est retrouvé trop bas et s’est vaché sur cette dernière branche alors qu’il avait fait une bonne course jusqu’alors. Une belle course de MDD et CSI (vitesse supérieure à 100 km/h), les trois suivants arrivent avec des vitesses moyennes serrées, 98,1 et 99,8 km/h.

Épreuve 3 :
Issoudun-Le Fay–Montluçon-Guéret. Commentaire par Christophe Abadie (champion du monde 2023 en 18 m) et Sébastien Chaumontet. Vent 130°, 20 km/h. Plafond 1700 m.

Les branches sont assez courtes avec vent de face sur la dernière branche pour arriver sur Montluçon-Guéret.

Claude Simonneaud (CSI) et BV ouvrent la marche, balisant les ascendances pour les poursuivants comme Michel DGT. Ce groupe de tête inclut aussi Patrick Médard (MDD). Le favori Nicolas Caudrelier (UPX) se lance derrière ce premier groupe de tête. Philippe Lata (PLT) part fermer la marche avec Donat-Pierre Luigi (269) devant. Antoine Havet (HVT) et Adrien Henry (19) choisissent de se positionner plus au vent que le gros de la flotte sur cette première branche. 269 tente une longue glissade pour s’arrêter dans une ascendance après le TP1, balisant un bon vario pour PLT, ce qui relance leur course vers TP2. CSI mène la danse après le TP1. La majorité des pilotes reste sur le track vers TP2. La majorité des pilotes subit sur cette deuxième branche des zones avec peu d’ascendances ou varios moyens et certains se retrouvent dans la tranche basse en transition vers TP2 et ont des difficultés à accrocher – quelques vaches en résultent. Un trou sur le point de virage TP2 force les concurrents à se dévier nord ou sud, un moment clé de la course.

HVT, 19, PLT, 269, 188, W3 se sont regroupés et font le train pour trouver une ascendance en enchaînant quelques options à gauche après le TP2, se retrouvant bas. Antoine HVT tire son épingle du jeu et rebondit bien, balisant de bonnes pompes pour ce groupe. 10A trouve une bonne VZ dans une ascendance en début de cycle sur l’axe et UPX en profite et le rejoint, ce qui est déterminant pour se séparer et consolider les deux premières places du podium. CSI, qui fonçait en tête seul, se trouve en difficulté et bas et doit bien ralentir. Cette troisième branche est déterminante avec une fin de convection et une zone moins active. C’est là où se joue le classement de cette épreuve, et quelques vaches. Hervé Forêt (HF8 avec un départ tardif) illustre bien la difficulté de finir dans ces conditions faiblissantes.

Théo Rajim (39) et Hubert de Lentaigne (HLE) sont les premiers à boucler. PLT et HVT, qui trouvent un bon vario pour accrocher le plan avant le dernier TP, les rejoignent pour finir top 6 derrière 10A et UPX. Bastien Nogaro gagne cette épreuve 3 avec une belle vitesse moyenne de 124,8 km/h, 5,7 km/h plus rapide que Nicolas Caudrelier, second.

Après trois courses, Nicolas Caudrelier est solidement en tête du classement (966 points), mais avec des courses de 300 à 400 points, les écarts sont serrés entre les compétiteurs suivants : Donat-Pierre Luigi (906 points), Philippe Lata (904) et Sébastien Lépinay (900). Tout est possible en commençant l’épreuve 4, et des choix stratégiques de contrôle et de marquage commencent à se définir entre les quatre et six premiers.

Épreuve 4 :
Romans-sur-Isère–Sisteron.  (AAT 1 heure 30). Commentaire par Christophe Abadie et Sébastien Chaumontet. Vent 121° pour 13 à 20 km/h.

La première branche est faite sur l’axe médian par un petit groupe mené par Adrien Henry (19), qui est difficile avec une composante Est et des ascendances en plaine moins généreuses pour attaquer le premier cercle centré sur Aubenasson. L’autre option, en se déportant à l’est sur les crêtes entre St Jean en Royan et Aubenasson, est meilleure à condition de passer le col et de garder ses dégagements sur le plateau en direction d’Aubenasson. Une bonne ascendance en quittant le plateau et avant d’entrer dans le cercle propulse tous ceux qui ont suivi l’option est sur le relief. Un regroupement dans cette ascendance des favoris UPX, PLT, 269… Alors que 19 est en difficulté sur Aubenasson, LRX est le premier à avancer dans le cercle, talonné par Philippe Gottschalk Castelas (1P3) en visant Roche-Courbe pour continuer sur Luc-en-Diois, un cheminement suivi par les poursuivants. Un train se forme avec 269, UPX, PLT et A10, le « quatuor », qui progresse bien ensemble en s’appuyant sur la face est de Roche Courbe et cherche un bon thermique cap à l’est au sud de l’axe vers le deuxième cercle. 1P3 et LRX sont les premiers à quitter le deuxième cercle en virant dans le quadrant sud-ouest du cercle en direction du demi-camembert. Le quatuor trouve un beau vario de 2,8 m/s dans la vallée du Buëch en compagnie de HF8, ce qui lui permet de creuser au maximum nord-est du secteur (Luc-la Croix-Haute). Ils minimisent le troisième secteur pour rentrer sur Sisteron. Ce quatuor se sépare pour faire la différence. 269 creuse stratégiquement un peu plus dans une ascendance décalée pour faire la différence et boucler cette épreuve en deuxième position et devant Hubert de Lentaigne (HLE) et Nicolas Caudrelier. Yves Warplin (W3), en rentrant un peu trop tôt, a été forcé de rentrer dans le cylindre par l’arrière pour augmenter sa distance.

Sébastien Lépinay fait une très belle course en restant haut, tout en souplesse et en faisant son vol indépendamment du « quatuor ». Après le 3ème secteur, il se porte sur la Montagne de Chabre en poussant plus au Sud que le reste de la compétition pour boucler un beau circuit AAT (117,2 km/h, 175,8 km). Une épreuve encore bien sélective avec plusieurs vaches.

Nicolas Caudrelier (UPX) est en tête du classement (1 333 points) et rien n’est joué pour la deuxième et la troisième place. Cette dernière épreuve est stratégique entre LRX (1 286 points), 269 (1282 pts) et PLT (1 270).

Épreuve 5 :
Serres-la-Bâtie–Fayence. Commentaire par Aude Untersee (équipe de France) et Sébastien Chaumontet. Vent 140°, 15/20 km/h.

Cette orientation de vent n’est pas habituelle pour cette zone avec des plafonds de 2 000/2 100 m AGL. CSI, W3 et BY ouvrent la marche, et LRX se lance en premier des « top 5 », suivi de UPX, A10, et ensuite 269. PLT, UPX, 269, A10, EQ trouvent une ascendance en quittant la crête de Selles et montent jusqu’à 2300 avant de traverser la Durance. Ce groupe se divise : UPX et 269 tentent un cumulus sur Tête-Grosse qui semble prometteur pour virer Seyne-les-Alpes, mais ils se font enfermer. Cette option ne leur permet pas de monter aussi bien que l’autre groupe (PLT, 10A…) qui reste plus au nord et vire le TP haut. 269 rattrape LRX et le double en direction du Blayeul, stratégiquement comblant les points pour espérer le podium en deuxième position.

CSI progresse bien avec un beau plafond de 2 500 m au sud du Blayeul. BY et W3, suivis par le groupe UPX, PLT, 10A, suivent l’option des Monges et rattrapent 269 et LRX au TP2. BY, W3 et CSI sont les premiers à virer TP2 (Saint-Auban). Cette troisième branche est décisive. Le groupe de tête file sur les plateaux de Puymichel et Valensole et raccroche le plan avec une ascendance en contournant par l’ouest la R148. Le groupe du haut du classement général passe par le nord en direction de Logis du Pin en se marquant et en se surveillant. UPX et PLT accrochent une pompe avant d’attaquer le relief. UPX trouve une bonne ascendance plus au nord. 269 et LRX suivent les lignes de crête en dynamique et rejoignent un groupe qui monte au nord de Logis-du-Pin pour pouvoir rentrer. UPX, avec son plafond, se donne un plan confortable sur Fayence.

L’option du groupe de tête en contournant Canjuers par l’ouest était la plus rapide, ce qui leur permet d’occuper le podium de cette épreuve. Le groupe des leaders du classement a finalement été moins rapide, mais il est clair que ces pilotes étaient plus préoccupés de contrôler les écarts de points au classement général entre eux pour obtenir un podium.

Une belle finale permet à Bastien Nogaro de remonter dans le classement. Il ne fait aucun doute que sans sa vache lors de la première épreuve, il serait sur le podium, tout comme Louis Janzam, qui a également montré un grand potentiel pour rivaliser avec les favoris.

 

Classement final :
Le classement général provisoire avait placé Nicolas Caudrelier (UPX) en première position de ce premier championnat de France E-Planeur, suivi de Donat-Pierre Luigi (269) en deuxième position et de Philippe Lata (PLT) en troisième position. Cependant, LRX et 269 ont été pénalisés de 100 points pour ne pas avoir eu suffisamment de marge pour leur dégagement au moment d’intégrer l’ascendance vers Logis-du-Pin. Eh oui, en E-Planeur non plus, nous ne rigolons pas avec la sécurité des vols !

Le classement général a donc été réorganisé, permettant à Patrick Médard (MDD) de passer de la cinquième à la troisième place. Philippe Lata (PLT) monte également au deuxième rang de l’événement, alors que Nicolas Caudrelier (UPX) est confirmé comme étant le grand vainqueur de ce premier championnat de France E-Planeur avec une grande avance.

Jean-François GOMBAULT,
Antoine HAVET,
Donat-Pierre LUIGI

 

Leave a Comment

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Articles Similaires

Shopping Cart
Translate ?